Le Conseil de Sécurité de l’ONU discute d’une résolution sur la situation au Mali. Le projet prévoit un premier volet politique centrée sur des négociations avec les groupes armés non-terroristes, et un second volet proposant une intervention militaire. Cette discussion a été précédée d’une campagne médiatique intense et d’un lobbying très actif de la France en faveur de l’option militaire. Une information a cependant échappée aux observateurs, c’est celle d’un récent renforcement drastique des consignes de sécurité pour les français du Mali.
L’actualisation a eu lieu le 27 septembre dernier. La carte publiée par le quai d’Orsay n’a pas été modifiée par rapport à la version précédente. Mais la lecture du texte d’accompagnement est révélateur des nouveaux dangers directement liés à l’actualité du moment.
[Légende: évolution depuis novembre 2009 de la carte avec en rouge les zones formellement déconseillées et en orange les zones déconseillées sauf raison impérative]
Au mois d’avril dernier, on était au lendemain du coup d’Etat, les risques signalés à Bamako relevaient plus de l’insécurité ou de l’instabilité politique. Quelques extraits des consignes de l’époque :
« A Bamako, la plus grande prudence est recommandée tard la nuit et à proximité des bars et discothèques, en particulier à l’égard des chauffeurs de taxi. »
« Compte tenu de l’instabilité de la situation sécuritaire qui prévaut actuellement dans le pays et notamment à Bamako, il est conseillé à nos compatriotes dont la présence n’est pas indispensable, de quitter provisoirement le pays. »
Changement notable de ton dans la dernière modification du 27-28 septembre dernier :
« L’ Ambassade rappelle qu’il est actuellement dangereux de circuler la nuit, en voiture, à Bamako.
Il est formellement déconseillé de se rendre dans le Nord du Mali occupé par des groupes terroristes et islamistes.
Il est déconseillé, sauf raison impérative, de se rendre dans le sud du pays, en raison de risques d’enlèvements (surtout à l’approche de la bande frontalière malo-mauritanienne et malo-burkinabé) et d’attentats (surtout dans la capitale).
Il est recommandé à nos compatriotes résidant sur place de faire preuve de la plus extrême vigilance.. »
Implicitement, ce document confirme que la zone frontalière avec le Burkina-Faso n’est pas suffisamment sûre. Des djihadistes ayant été même signalés à l’intérieur du pays voisin.
Il s’ensuit dans un autre document toute une série de consignes drastiques qui s’adressent plus particulièrement aux français résidents au Mali. Quelques extraits suivent des recommandations qui leur sont adressées :
« éviter les lieux habituellement fréquentés par des occidentaux, susceptibles d’être repérés comme des lieux possibles d’enlèvement, en particulier les lieux isolés, à moins qu’ils soient suffisamment sécurisés (plus les régions sont proches des zones rouges, plus elles sont évidemment exposées), »
« d’organiser éventuellement une pièce ou une partie de la maison (pour les familles) qui puisse résister le temps suffisant à une tentative d’intrusion, »
« varier les itinéraires et horaires des déplacements réguliers, »
« garer les véhicules dans des endroits surveillés, vérifier leur fermeture et contrôler leur aspect extérieur avant utilisation (bas de caisse, capot, coffre, traces d’effraction), »
« en dehors des villes, privilégier les déplacements en convoi, proscrire les déplacements de nuit, »
« éviter les signes d’identification (badges, sigles…) sur les bâtiments et les édifices… »
Je dois avouer que face aux développements récents de l’actualité malienne, j’avais mis en garde à titre privé sur des risques de sécurité au Mali. Car désormais, des réactions des groupes djihadistes sont probables sur le terrain : enlèvements, attentats, activation de cellules dormantes,… afin de décrédibiliser encore plus Bamako et démoraliser ainsi à l’avance les troupes maliennes et étrangères sensées reconquérir ou libérer le nord du pays. Mais à la lecture des consignes de sécurité renforcées du ministère français des affaires étrangères, je ne sais plus s’il faut se rassurer des mesures de précaution ainsi prises ou s’inquiéter de l’ampleur de la menace.
Baki @7our Mansour
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Suite à la prise de Konna hier par les jihadistes, la France a engagée une intervention militaire au Mali. Le Quai d’Orsay déconseille formellement de se rendre au Mali, y compris à Bamako, « jusqu’à nouvel ordre« . Et recommande aux expatriés/résidents de quitter le pays.
« Par ailleurs, il est fortement recommandé aux personnes dont la présence n’est pas indispensable au Mali de quitter provisoirement le pays via les lignes aériennes commerciales qui desservent Bamako. »
Par rapport aux communiqués précédents, la totalité de la frontière entre le Mali et la Mauritanie est passée dans le rouge. « Il est formellement déconseillé de se déplacer dans la zone située à la frontière malo-mauritanienne et à l’Est de la ville de Kayes, incluant les villes de Nioro, Sandaré, Diéma et Didiéni et au Nord d’une ligne Niono – nord de Massina – Djenné (incluse) – Konio – Ouenkoro, y compris Mopti, Sévaré et tout le pays dogon (ces villes étant incluses dans la zone rouge).
Il est également formellement déconseillé de circuler entre le Mali et la Mauritanie par la route.«
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Cela n’a pas tardé ! Le Quai d’Orsay vient d’actualiser ses conseils aux voyageurs suite à l’enlèvement de Gilberto Rodriguez Léal, un français de 61 ans.
Voici un extrait des nouvelles directives:
Et comme anticipé la zone rouge a été étendue à l’Est de la ville de Kayes.
A noter que pour le Foreign Office britannique, c’est le Mali tout entier qui est déconseillé pour les voyageurs, comme l’atteste la carte suivante (merci à @joedymott de me l’avoir fait remarquer) :
Un français a été enlevé mardi soir dans l’ouest du Mali par sept hommes armés, selon des sources concordantes. Il venait de Mauritanie. Son identité n’a pas été communiquée. Il aurait une cinquantaine d’années selon les premières dépêches, et 61 ans selon BFM TV…
A noter que Diéma dans la région de Kayes, où il a été kidnappé, est située dans la zone orange. Il faut désormais s’attendre à un nouveau relèvement du niveau de sécurité de la part du Quai d’Orsay. Nouvelle extension de la zone rouge en perspective.
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Des mesures de sécurité semblent avoir été prises dans toute l’Afrique de l’Ouest. Tout d’abord, un article du site AllAfrica signale que les humanitaires des agences ONUsiennes sont désormais protégés par des forces de sécurité au Burkina Faso et au Niger. Extrait
D’un autre côté, Paris-Match indique que le Sénégal fait aussi partie de la zone où les mesures de sécurité ont été relevées:
Enfin, fin octobre, le Quai d’Orsay a lancé un nouveau message concernant la sécurité au Sahel accompagné d’une carte d’ensemble: