Ce vendredi 4 décembre, un message audio du chef d’AQMI Abdelmalek Droukdel a été publié. Plusieurs informations peuvent en être extraites. La principale étant que Droukdel annonce l’intégration de la Katiba al-Mourabitoune à AQMI sans mentionner explicitement leur chef Mokhtar Belmokhtar.
- Abdelmalek Droukdel capitalise en quelque sorte sur l’attaque de l’hôtel Radisson à Bamako (voir à ce sujet Le général DRS Bouzit échappe aux jihadistes). Dans un éloge aux deux assaillants, il affirme que « les lions de l’Islam« , les « descendants de Youssef Bin Tachfine » de la Katiba al-Mourabitoune ont intégrés les rangs d’al-Qaida au Maghreb Islamique. Il ne cite à aucun moment le chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier avait pour ambition de créer sa propre organisation avec une allégeance directe au leader d’al-Qaida Ayman al-Zawahiri. Une lecture possible de ces derniers événements est qu’al-Zawahiri leur a répondu, à Belmokhtar et Droukdel de faire abstraction de leurs différends et à se regrouper sous la bannière d’AQMI. On en saura plus si Belmokhtar précise ses intentions vis-à-vis d’AQMI…
- Le message audio innove dans la forme sur plusieurs points. Alors que les messages audiovisuels de Droukdel ont été jusqu’à présent assez rares, ce nouveau mode opératoire préfigure probablement une apparition périodique sur la scène médiatique. La trame de l’introduction sonore alterne des extraits du discours avec des sourates du Coran, comme ce qui se fait habituellement dans un communiqué écrit. La sortie du message a été préparée, annoncée, et le document a été même prédaté du 4 décembre.
- Le document est structuré en paragraphes. Certains passages sont difficilement interprétables même en connaissant le contexte implicite. Ainsi, lorsque Droukdel affirme que son organisation n’oublie pas les militants emprisonnés. S’agit-il d’un lien avec des négociations en cours ? Dans une prochaine libération d’otages ?
- Un autre paragraphe est une référence implicite à la scission du JHDS (Jamaât Houmat al-Daâwa al-Salafiya, le groupe des protecteurs de la prédication salafiste). Rappelons qu’après avoir intégré AQMI en 2014, le groupe jihadiste JHDS a annoncé au mois de septembre dernier son allégeance à l’organisation de l’état islamique (OEI). Sans les mentionner, Droukdel fustige « l’égoïsme » de certains combattants qui choisissent la dispersion au détriment de leur cause collective.
- Un propos récurrent est que le combat est une obligation pour tout musulman. Avec des menaces en particulier pour la France considérée comme le premier des ennemis. Abdelmalek Droukdel tente de faire pression sur l’opinion publique française. Sans changement de politique de Paris, il annonce que la réponse d’AQMI sera « avec notre langue et notre méthode« , en d’autres termes un avertissement que des actions terroristes vont se poursuivre. Le contraire aurait été étonnant. Et quand le chef d’AQMI se lamente de l’état de chaos dans le monde musulman de Tombouctou jusqu’à Kandahar, il n’énonce pas la moindre responsabilité dans cet état de fait. Bref, AQMI comme les autres organisations jihadistes continuent de se nourrir du chaos civilisationnel et d’une guerre religieuse dont ils font une obligation morale. Et leur discours s’auto-alimente d’une situation qu’ils ont espérés et provoqués.
Baki @7our Mansour
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Observations confidentielles 